3 300 m² de surface, du jamais vu !

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L’élevage de poules et coqs reproducteurs chairs, va s’effectuer pour Audrey Melin au sein d’un seul bâtiment innovant. Un projet breton ambitieux d’1,1 M€ porté sur l’avenir et d’inspiration belge. Une première en France.

audrey melinAlors que les mœurs prévoient généralement la construction de deux poulaillers pour la production de reproducteurs chairs, Audrey Melin, soutenue par le couvoir Perrot, a opté pour un investissement unique en son genre en France : du deux en un. Permettant de « sauter des étapes », cette décision a toutefois nécessité le déploiement d’importants fonds. Un choix atypique qu’il a par ailleurs fallu défendre durant un peu plus d’un an auprès des différents partenaires et acteurs impliqués dans le projet.

Des dimensions hors normes

Décidée à s’installer dans sa propre exploitation, Audrey Melin, jeune femme mariée de 29 ans, a au préalable découvert le métier pendant deux ans en tant que salariée d'une structure sous contrat avec le couvoir Perrot. Soutenue par ce dernier, qui produit « un million sept cent mille poussins chairs d’un jour par semaine », c’est après une visite en Belgique que son projet prend forme. « Steven Vervaeke et de Carl Destrooper du groupe d’accouvage BHV nous ont ouvert les portes de leurs poulaillers, a expliqué Dominique Perrot, dirigeant du couvoir Perrot. Nous avons trouvé le modèle intéressant et avons tout de suite pensé à l’adapter chez nous, en France ».Le bâtiment de la Sarl le Glazan située à Canihuel dans les Côtes d’Armor est de fait « typique d’un bâtiment Belge » et possède tous les attraits retenus par la future éleveuse au cours de ses déplacements. Confort des animaux, qualité de litière mais aussi performances techniques constituaient ainsi les prérequis recherchés par Audrey. Autre atout non négligeable pris en compte, en plus de limiter les pertes d’énergie, « les bâtiments nordiques présentent peu de ponte au sol » a-t-elle expliqué.

btiment repro chairToutefois, une modification a été effectuée par rapport à l’original belge ; la charpente. Construite en bois, matériel poreux pouvant présenter un risque sanitaire élevé, c’est pour sa part en métal que l'ossature du poulailler breton a été revêtue. Et si aucune économie d’échelle n’est au final visible, « cela nous a permis de prendre les options, un choix qui sera payant à l’avenir » se sont accordés les partenaires du projet.Achevé dimanche 20 novembre, le montage s'est effectué en seulement quatre mois et demi. Un défi pour l’entreprise Serupa Mafrel qui expérimentait pour la première fois la construction d’un tel poulailler « en termes de taille et de principe de fonctionnement » a expliqué Loïc Rio, directeur commercial.

« Je souhaitais n’avoir qu’une seule grande salle à la place des deux bâtiments conventionnels usuellement retrouvés. Je trouvais cela plus pratique ».

Des financements multiples

batiment reproFourni clé en main, ce sont « 20 000 volailles de souche Ross 308 [Cette souche représente aujourd’hui près de 80 % du marché européen], dont près de 1 900 coqs » a détaillé Audrey Melin, qui y seront élevés dès lundi 28 novembre. Et si le rêve de la jeune éleveuse s’est concrétisé, c’est aussi pour partie grâce à son impressionnante détermination.En effet, « elle ne s’est jamais découragée et a fait preuve, tout au long des démarches, de beaucoup de ténacité » a déclaré Dominique Perrot. Des qualités nécessaires à la réussite de l’envergure du projet. Ainsi qu’à l’obtention de la faveur des partenaires et au soutien des banques, d’autant plus compte tenu du caractère inédit du poulailler nordique.Par ailleurs, en raison de l'important fond financier requis à la réalisation de ce dernier, le couvoir Perrot a fourni un financement supplémentaire d’un montant de 50 000 €. en plus du système de majoration habituellement proposé. La raison de cet apport : « le système de majoration habituellement proposé de 48 € du m² pour un bâtiment neuf était ici insuffisant ».

Une première pour le couvoir qui démontre, par ce soutien monétaire, son aspiration à se doter d’outils de production récents et performants, en vue notamment de reconquérir des parts de marché perdues [Actuellement, 42 à 44 % du poulet consommé par les français est importé]. Établi pour une période d'au minimum deux ans, cet actionnariat n’a cependant aucune autre vocation.

« Nous souhaitions aider Audrey au déclenchement de son installation mais ne resterons pas actionnaire par la suite » (D. Perrot).

La région a elle aussi participé au financement du projet à hauteur de 30 000 €. Une subvention de l’état dispensée dans le cadre de projets visant à moderniser les infrastructures agricoles présentes sur le territoire.

Tout pour réussir

nidsSi Audrey Melin a fait le choix de mener son élevage seule, sans l’aide de salariés, tout a cependant été mûrement pensé et réfléchi. Ainsi, « tout est entièrement automatisé » a-t-elle déclaré. Celle-ci estime d’ailleurs qu’au maximum, « deux heures devraient suffire pour le ramassage des œufs ».Côté matériels, c’est sur sa propre expérience ainsi qu’à la suite de ses visites d’élevages que la jeune femme a fait ses choix. Aussi, pour l’abreuvement des animaux, pas de pipettes. « Je suis sceptique vis-à-vis de ces dernières », a-t-elle reconnu. "De plus, si j’avais opté pour des pipettes, il aurait fallu que j’en installe une rangée de part et d'autre des nids. Or, cela aurait porté atteinte à la libre circulation dont je jouis aujourd’hui devant ces derniers ». Et pour les nids de son bâtiment, l'éleveuse a préféré « ceux-ci qui possèdent un fond se relevant », contrairement à d’autres munis de tapis éjectables.Bien qu’ayant eu une première expérience négative avec des chaînes plates, Audrey Melin a doté son poulailler de cet équipement pour l'alimentation de ses volailles. « Celles que j’avais connues n’étaient pas relevables, et plusieurs éleveurs m’ont dit être satisfaits avec des chaînes plates » a-t-elle confié.Pour les coqs, la chaîne alimentaire résulte pour sa part du travail de Jean-Yves Michard. « Avec son système, les animaux se montrent plus calmes » a-t-elle argumenté. Le principe est simple, « la vis va par exemple se mettre en route pendant trois secondes, puis s’arrêter vingt secondes avant de reprendre et ainsi de suite. La ration est donnée de façon fractionnée, et non d’un seul coup ».Enfin, pour ce qui est de la ventilation, s’agissant d’un poulailler à inspiration belge, c’est la société danoise Skov qui a procédé à l'installation. « Cette ventilation offre une ambiance différente de celles habituellement observées » a déclaré Audrey Melin. Autre atout : la litière plus sèche.

Si le bâtiment est à ce jour une exception en France, de nombreux autres devraient progressivement voir le jour sur le territoire français.

En effet, en recherche de dynamisme et de compétitivité, la filière avicole investit, soutenant les projets novateurs lui permettant d’acquérir des outils à minima aussi performants que ceux de ses plus proches voisins européens.

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