Influenza aviaire : 320 cas avérés, et l'abattage de tous les canards dans les Landes

Ce mardi matin, le Ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll, face à un virus "de toute façon mortel pour les volailles, qui a une propagation d'une virulence jamais vue et avec des délais d'incubation extrêmement courts", a annoncé sur BFM TV l'abattage de tous les canards dans le département des Landes.

"Le virus de la grippe aviaire a progressé de l'est vers l'ouest. On est arrivé au bout du département des Landes, avec des foyers qui continuent à être détectés, donc on a stabilisé des zones qui avaient été infectées".
"Pour le ministre de l'Agriculture, ce sont des décisions lourdes à prendre, et pour ceux qui souffrent dans la filière, c'est une angoisse qui dure depuis deux ans, j'en ai parfaitement conscience", continue Stéphane Le Foll. "Ce n'est pas de gaieté de cœur que je prends ce type de décision".

Stéphane Le Foll a également insisté sur le fait que la seule stratégie possible était celle de l'abattage. "Il n'y a pas de vaccin qui soit disponible aujourd'hui donc on est obligé de réfléchir collectivement à la manière dont on va s'organiser pour faire face à cette menace qui existe", a-t-il expliqué. Et d'ajouter : "On ne s'est pas trompé de stratégie." Le ministre de l'Agriculture a souligné que cet abattage massif était nécessaire "pour faire action de prophylaxie de manière générale et pouvoir bâtir ensuite une reprise de la production dans des délais qui vont être affinés avec l'ensemble des professionnels", précisant que cela va prendre plusieurs semaines.

 

 

 

Jeudi 16 février, alors que le député et président du Conseil départemental des Landes Henri Emmanuelli écrivait au Ministre de l'agriculture pour lui demander « que soit arrêtée le plus rapidement possible une date de reprise de la production » - et ce après avoir proposé en réunion d’Assemblée Départementale, « la mise en place d’un nouveau vide sanitaire consécutif à un abattage total sur l’ensemble des zones touchées par l’influenza aviaire » - le Cifog a réclamé « un renforcement de la stratégie de lutte contre le virus H5N8 afin de l'éradiquer plus rapidement ».

Pour aller plus loin, le conseil d’Administration du Cifog a également adopté de nouvelles règles de production tenant compte de tous les modes d’élevages. Objectif : assurer un redémarrage dans les meilleures conditions. Ces nouvelles règles (cf. encadré ci-dessous) feront l’objet d’un accord interprofessionnel qui devra être rendu obligatoire par les pouvoirs publics pour l’ensemble des acteurs de la filière.

« Les conséquences sont extrêmement lourdes pour tous les acteurs de la filière, tant sur le plan psychologique que financier », ont averti les représentants du Comité.

Ils estiment les pertes immédiates à plus de 210 millions d’euros auxquelles s’ajoutent les coûts d’investissement et de mise en œuvre des nouvelles règles de production qui auront un impact majeur sur les volumes disponibles. « Nous demandons instamment aux pouvoirs publics de verser le plus rapidement possible les aides financières programmées. » Et d'attirer l’attention sur les producteurs mis préventivement à l’arrêt dans les zones réglementées autour des foyers : « ils sont sans revenus depuis le mois de décembre. Le versement d’une avance de 70% de l’aide perçue en 2016 est demandé dans les meilleurs délais. »

À ce jour, le plan d’abattages préventifs concerne plus d’1,9 million d’animaux auxquels s’ajoutent 1,3 million de canards décimés dans les exploitations touchées par le virus. De plus, on estime à 5 millions le nombre de canards qui ne peuvent pas être mis en production depuis le début de l’épizootie. Soit un total de 8,2 millions de canards perdus pour la production française de foie gras. Le secteur de l’accouvage est lui aussi « très sévèrement touché et l’avenir de certaines entreprises est menacé à court terme ».

Pour rappel, La France n’est pas le seul pays touché par le virus H5N8. Déjà plus de 1 000 foyers dans les élevages et dans l’avifaune ont été déclarés dans l’ensemble des pays européens. Les pays les plus lourdement touchés sont la France, la Hongrie et la Bulgarie dont la production et l’exportation de foie gras sont presque totalement à l’arrêt.

En France, au 21 février, 320 foyers ont été confirmés dans les élevages.

 

Focus sur... Les nouvelles règles d’élevage

Ces nouvelles dispositions s’articulent autour de cinq axes majeurs. Ceux-ci posent les bases d’un redémarrage de la filière dans le Sud-Ouest dès que le virus H5N8 sera maîtrisé.

Mise en place d’un système d’alerte sanitaire par les vétérinaires sous l’autorité des pouvoirs publics et relayé à l’ensemble des intervenants de la filière par les professionnels. Ce dispositif permettra de ne pas prendre de retard dans l’information d’un éventuel cas d’Influenza détecté. Ce système d’alerte s’appuiera sur un dispositif obligatoire de déclaration de mise en place d’animaux dans tous les élevages de la filière longue, mais également pour les producteurs à la ferme, dans le cadre de la Base de Données Avicole mise en place par le CIFOG. Cette mesure permettra de tenir un tableau de bord fiable des élevages pour pouvoir agir rapidement.

Mise en place de nouvelles règles obligatoires de protection des élevages durant la période de migration des oiseaux sauvages entre le 15 novembre et le 15 janvier, si passage en risque élevé :

Capacité de garder les animaux à l’intérieur des bâtiments d’élevage : les entreprises de la filière se sont engagées (Organisations de production, Coopératives, …) à accompagner techniquement et financièrement les producteurs pour y parvenir.
Conduite en bandes uniques par site d’exploitation (sortie des animaux + nettoyage/désinfection + 14 j de vide sanitaire) à partir de septembre 2018. Tout nouveau projet (installation) est en bande unique. En cas de changement d’OP le producteur met en place la bande unique immédiatement.
Détection systématiquement de la présence ou non de virus hautement pathogène sur l’élevage avant tout déplacement des animaux grâce à des analyses afin de sécuriser le transport et d’éviter la diffusion d’un éventuel virus vers d’autres sites.

Application de durées de vides sanitaires obligatoires pour tous, pour chaque étape d’élevage et adaptées à chaque mode de production : 14 jours pour les bâtiments d’élevages, 42 jours pour les parcours en plein air ou encore 48 heures pour les salles de gavage ainsi que 14 jours consécutifs dans l’année. Des dispositions particulières et adaptées sont proposées pour les circuits courts et les productions sous Label Rouge et autres productions particulières (Canard de Barbarie, oie)…

Sécurisation des étapes de transport en déterminant un protocole de nettoyage et de désinfection des cages et des camions. L’application de ce protocole étant soumise à l’audit et au contrôle des opérateurs par un organisme tiers indépendant.

Professionnalisation de l’activité des intervenants extérieurs aux côtés des éleveurs dans les exploitations à travers la mise en place d’un guide des bonnes pratiques pour leurs interventions et du contrôle de sa bonne application par des organismes tiers.

Filières Avicoles - Formules d'abonnement

AU CŒUR DES ÉLEVAGES ET DE LA TRANSFORMATION

● L'actualité forte et les données économiques de chaque filière
● De nombreux reportages en élevages et dossiers thématiques
● Les conseils des meilleurs experts en technique et en gestion

Profitez d'une offre découverte 3 mois