Influenza : Indemniser les retards de production

La CFA, le CIFOG et la FNSEA demandent des indemnisations pour les éleveurs étant dans l’impossibilité de relancer leur activité à cause de la pénurie de canetons.
« Les éleveurs ont le droit de remettre en production leurs ateliers depuis le 29 mai, mais tous n’ont pas pu le faire, tout simplement parce que la pénurie en canetons ou en poussins, causée par l’abattage préventif des cheptels reproducteurs décidé par les autorités sanitaires a empêché la remise en place des animaux », explique la Confédération Française de l’Agriculture (CFA) dans un communiqué. Le syndicat agricole demande donc aux pouvoirs publics de prendre en compte les pertes subies après la fin de vide sanitaire obligatoire.
Elle est rejointe par la FNSEA, qui rappelle de son côté que la pénurie de canetons et de poussins est due à l’abattage préventif de « la quasi-totalité des troupeaux reproducteurs de la zone, alors que très peu d’entre eux étaient positifs ».
La demande a été également portée auprès du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travers, par une délégation du CIFOG, le 14 septembre dernier. Une rencontre jugée infructueuse : « Le ministre comprend la nécessité de cette indemnisation, mais évoque des problèmes d’incompatibilité européenne », précise le Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foies Gras. Le CIFOG se tourne désormais vers Emmanuel Macron, demandant qu’il « prenne en compte la détresse de tout un bassin historique de production impacté par deux années consécutives de crise majeure aux conséquences économiques dramatiques, suite aux mesures de lutte sanitaire imposées par les autorités françaises ».
Une reprise à risque
La FNSEA met également en garde contre les risques liés à une remise en place de poussins ou de canetons simultanée dans tous les élevages, qui reviendrait à inonder le marché et provoquer une nouvelle pénurie.
La Fédération dénonce par ailleurs les « messages contradictoires diffusés par les services décentralisés et le manque d’informations précises sur les sommes perçues par les producteurs ». Résultat, une situation sur le terrain que la FNSEA qualifie d’« explosive ».
Des gaveurs pris à la gorge
La FNSEA et le CIFOG invitent également les pouvoirs publics à se pencher sur la situation des gaveurs : « L’approvisionnement en animaux prêt-à-gaver ne peut intervenir qu’à l’issue de la période de trois mois d’élevage : c’est donc cinq lots minimum qui n’ont pu être produits par ces producteurs entre le 29 mai et aujourd’hui (NDLR : début septembre). Certains de ces gaveurs, rappelons-le, étaient en arrêt depuis décembre. Cinq lots non produits pour un éleveur, c’est la perte d’un quart de sa marge brute annuelle », poursuit la FNSEA.
Seule éclaircie au tableau, « le ministre a confirmé qu’il tiendrait les engagements pris par le précédent Gouvernement sur le plan d’accompagnement financier des entreprises de transformation les plus impactées, a annoncé le CIFOG. Ce plan devrait être confirmé dans le cadre d’une réunion interministérielle imminente. »
Des pertes estimées à 350 millions
Toujours selon le CIFOG, les pertes financières pour l’ensemble des maillons de la filière (accouvage, élevage, transformation) sont estimées à plus de 350 millions d’euros dans les quelques départements concernés : 50 millions d’euros pour l’accouvage, 31,4 millions pour le dépeuplement, 86 millions pour les pertes de production à l’amont et 180 millions d’euros pour l’aval. À cela, il convient d’ajouter les coûts induits par les règles de production qui exigent de nouveaux investissements, une baisse des densités d’animaux dans les exploitations impliquant une baisse de la production.